Vieillesse et polypathologies
Lorsque l’on devient très âgé, on peut continuer de fonctionner quasi normalement au quotidien, tout en souffrant de petits maux qui, accumulés, sont préjudiciables à la qualité de vie, mais ne mettent pas en cause le pronostic vital. Ces petits maux sont en général liés à un état poly-pathologique : un peu d’hypertension, d’arythmie ou d’insuffisance cardiaque, des difficultés à respirer, un peu de diabète ou de cholestérol, beaucoup d’arthrose et de douleurs rhumatismales, quelques troubles de la mémoire, une diminution des capacités auditives ou visuelles, etc. Le déclin de ces personnes est souvent si lentement progressif qu’il est difficile de repérer le moment où il convient d’admettre que la mort approche. Pourtant, c’est essentiel car cela conditionne la façon dont on va pouvoir mettre en place un bon accompagnement de fin de vie.
Un déclin si lentement progressif qu’il est difficile de repérer à quel moment la mort s’approche
Si elles sont à la fin de leur vie, ces personnes très âgées, polypathologiques, peuvent parfois vivre encore de longs mois, voire de nombreuses années, avant que leur fin de vie ne se profile de façon concrète. Surtout, la médicalisation de la vie en général et notamment du grand âge rend souvent floues aujourd’hui les frontières entre ces deux états. Ce temps de la très grande vieillesse peut en effet être émaillé d’épisodes pathologiques, nécessitant parfois une hospitalisation, par exemple pour surinfection bronchique, chute avec ou sans fracture, plaie ou accident vasculaire cérébral mineur. La question peut alors se poser de savoir s’il faut leur proposer une prise en charge basée sur toutes les possibilités curatives de la médecine ou non.
Deux trajectoires sont possibles pour ces personnes très âgées qui déclinent très progressivement : elles peuvent rester chez elles jusqu’au bout de leur vie ou elles nécessitent à un certain stade d’être institutionnalisées (par exemple en EHPAD : Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Il est fréquent que la décision d’entrée en EHPAD soit douloureuse et source d’une certaine démission quant aux décisions à prendre. Bien souvent, on n’ose plus ou on ne sait plus dire ce que l’on souhaite pour soi-même.
Que faire ?
Dans ces situations de très grand âge polypathologique, quand la qualité de vie a déjà fortement décliné, la question est celle de savoir jusqu’où il faut continuer de traiter avec tous les moyens de la médecine moderne ou à partir de quand il faut arrêter les traitements curatifs et laisser faire la vieillesse et l’amenuisement progressif des capacités vitales.
La meilleure façon de répondre à cette question est de ne pas l’occulter et d’en discuter très régulièrement à propos de chaque personne arrivée dans cet état, avec elle bien sûr, avec sa personne de confiance et/ou ses proches, mais aussi avec les soignants ou auxiliaires de vie qui l’aident au quotidien. Parfois, la personne elle-même, si elle n’est plus capable de s’exprimer à voix haute, signifie d’une autre manière ce qu’elle ressent et ce qu’elle souhaite. Il est important de repérer ces messages non verbaux. S’il est décidé, en toute collégialité et sérénité, que l’heure est arrivée de l’accompagner vers une fin de vie, on introduira des soins d’accompagnement et de confort pour l’accompagner au mieux dans ses derniers instants. Si nécessaire, le médecin fera appel à des compétences de soins palliatifs et/ou mettra en œuvre une sédation pour cet accompagnement, dans les conditions prévues par la loi.